
Ce week-end, le président Donald Trump a acté l’augmentation des droits de douane de 25% pour les produits en provenance du Mexique et du Canada. Un protectionnisme poussé à son paroxysme et qui pourrait bien entraîner un arrêt total de la chaîne de production automobile. Le krach de 1929, version automobile .
Ce week-end, Donald Trump mis ses menaces à exécution. Le président a en effet annoncé un relèvement des droits de douane de 25% sur les produits importés du Mexique et du Canada et de 10% pour les produits importés de Chine – initialement, Trump voulait que la Chine soit taxée à hauteur de 60%. Ces nouveaux droits sont appliqués à partir du 4 février 2025.
Avec cette décision, Trump met un coup de poignard dans les accords de libres échanges entre les pays d’Amérique du Nord (ALENA) qui existent depuis plusieurs décennies. Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de taxer les produits finis, mais aussi les pièces détachées. Ce qui signifie que les entreprises américaines qui recourent à des sous-traitants mexicains ou canadiens vont se retrouver avec des coûts nettement plus importants que précédemment. De ce fait, pour ce qui concerne le secteur automobile, les États producteurs de voitures tels que l'Alabama ou la Géorgie vont être directement frappés par cette hausse des coûts.
Des interruptions et des ruptures ?
Il s’avère que cette décision n’est pas sans conséquences, car elle pourrait bien engendrer des interruptions la production dans les usines d'assemblage et de pièces détachées des trois pays d'ici une semaine. Les très faibles marges de l'industrie automobile rendront en effet la poursuite de la production intenable.
Selon Flavio Volpe, CEO de la fédération des pièces détachées automobiles interrogé par Bloomberg, le problème réside dans le fait que les droits de douane sont 15% plus élevés que les profits de ces entreprises. Et, comme personne n’est prêt à assurer la continuité avec des pertes, les entreprises pourraient tout simplement fermer d’ici une semaine.
Pour de nombreux spécialistes, Donald Trump ne va faire que tuer sa propre industrie avec ces décisions radicales. Pris en étau, les constructeurs pourraient donc aussi prendre des décisions inattendues. Selon plusieurs sources, les droits de douane supplémentaires voulus par Donald Trump pourraient menacer 100.000 emplois au Canada et près d’un million au Mexique, l’atelier de l’oncle Sam. Et les États-Unis sont aussi menacés, tout comme les automobilistes puisque Ford, General Motors, Honda, Stellantis et Toyota assemblent des véhicules au Canada, spécifiquement en Ontario. Le protectionnisme défendu par Trump ne ferait donc que plomber un peu plus le portefeuille des Américains. Une hausse des prix est donc à prévoir, ce qui ne ravira certainement pas les électeurs de Trump qui, au contraire, ont d’abord voté parce que les avances de Trump étaient censées améliorer leur train de vie. En outre, les sous-traitants ou fabricants américains seront aussi impactés puisque leurs pièces deviendront plus chères.
Dans la foulée, le Canada n’a pas fait dans la dentelle et le pays a annoncé la levée des mêmes droits de douane (25%), ce qui va encore complexifier les choses. De son côté, la Chine qui ne sera taxée qu’à 10% au lieu des 60% promis lors de la campagne a indiqué que dans les guerres commerciales, il n’y avait jamais de vainqueur. On peut d’ailleurs se demander pourquoi la Chine est si peu impactée ? Réponse évidente : l’ami de Trump, Elon Musk, possède une gigafactory en Chine pour ses Tesla tandis que Trump espère aussi convaincre la Chine de lui céder l’application américaine de Tik-Tok, ce que Pékin refuse de faire. Un bras de fer s’engage, mais dans un gant de velours...
Le pire, c’est que Trump est conscient de la situation et il a averti les Américains qu’ils souffriraient de la situation. Drôle de manière de récompenser ses électeurs... Selon le cabinet EY interrogé par Le Monde, les droits de douane prévus pourraient entraîner un recul de 1,5 % du PIB américain en 2025 et 2,1 % en 2026 du fait d’un ralentissement de la consommation et des investissements. L’effet serait donc totalement inverse. Mais Trump est-il capable de comprendre les effets de ce qu’il engendre ? Tout aussi inquiétant, Trump a indiqué que l’Europe serait aussi touchée par des droits de douane, car nous nous serions comportés de manière « terrible » avec les États-Unis dernièrement. L’Europe a déjà annoncé qu’elle ripostera avec fermeté. Si des ruptures doivent intervenir dans les chaînes d’approvisionnement, comme cela a été le cas pendant la période de la Covid, les Américains risquent en effet de souffrir et de voir les prix des automobiles et de nombreux autres bien exploser. A suivre.
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